D’une union douanière à une union monétaire : processus logique ?
Le processus d’une union douanière qui conduit à une union monétaire est le schéma retenu par l’Union Européenne dès ses débuts.
Il s’agissait de construire un grand marché européen, sans barrières douanières, dans un premier temps, préparant ensuite le passage à une monnaie unique sur cette zone.
La construction politique de type fédéral devait ensuite découler naturellement de ces deux précédentes unions.
Mais ce processus est plutôt unique si on le compare à ce qui ce fait comme union économique dans le reste du monde.
- L'accord de libre échange USA, Canada, Mexique
Prenons trois exemples, le premier l’ALENA, l’accord de libre échange entre les USA, le Canada et la Mexique. Il s’agit d’une union douanière, c'est-à-dire de la création d’un espace économique commun sans barrières douanières.
Mais l’ALENA est resté au stade de l’union douanière, la question d’une monnaie commune ou unique n’a jamais été envisagé. Chacun des pays membres conservant sa monnaie, et son pouvoir de dévaluation, ce que le Mexique a utilisé à plusieurs reprises en dévaluant son péso.
- L'union monétaire scandinave : monnaie commune
Le deuxième exemple, est celui de l’union monétaire scandinave, mis en place en 1873 et supprimé en 1914.
Il s’agissait de fixer une parité entre les trois monnaies de la Norvège, de la Suède et du Danemark, avec une base de change fixée sur l’or.
Dans cette union monétaire scandinave chaque pays conservait sa propre devise, mais le cours de change entre elles était fixe.
C’est une union douanière avec une monnaie commune, et non unique, monnaie commune représentée par un cours fixe des trois devises de chacun des pays.
Cette union monétaire se séparera de façon prévue et organisée en 1914 au début de la grande guerre.
- La coopération économique des pays d'Asie
Le troisième exemple concerne l’ASEAN, coopération économique entre la quasi-totalité aujourd’hui des pays de l’Asie du sud est, fondée en 1967 et étendue à une union douanière en 2002, avec comme but l’abaissement des barrières douanières entre les pays de la zone.
Là encore l’union douanière ne débouche pas sur une union monétaire, chaque pays conservant sa monnaie et la possibilité de la dévaluer ou de la réévaluer en fonction de la conjoncture économique.
- Des unions douanières et monétaires limitées
Ces différents exemples nous montrent que les unions douanières de libre échange n’ont pas pour but ultime la mise en place d’une monnaie commune ou unique. Et si c’est parfois le cas, comme pour l’union monétaire scandinave, cela peut être sur une période limitée, une quarantaine d’années pour l’union scandinave.
Loin d’être l’aboutissement ultime et logique, la mise en place d’une monnaie unique dans une union douanière parait plutôt une exception.
La mise en place de la monnaie unique dans la zone euro apparait alors plutôt comme un phénomène nouveau, une expérience nouvelle, une innovation monétaire, que certains peuvent désormais considérer comme hasardeuse tant elle est éloignée de la règle pratiquée dans les autres zones douanières du monde.